Peut-être as-tu déjà ressenti cette sensation que tu n’étais pas responsable de tes réussites ? Qu’elles étaient dues à la chance ou à la bienveillance des autres, car tu n’en possèdes pas réellement les capacités. Un jour ou l’autre, d’ailleurs, tu penses que tu seras démasqué pour cette imposture.
Si tu es dans ce cas, peut-être souffrirais-tu du syndrome de l’imposteur ?
En quoi cela consiste-t-il ?
L’origine du terme daterait de 1978, et viendrait de Pauline Clance et Suzanne Imes, deux psychologues de l’université de Géorgie qui ont distingué 3 piliers[1] caractérisant et définissant ce syndrome.
Le premier pilier indique que la personne qui souffre du syndrome de l’imposteur a l’impression d’être surestimée par les autres ou de tromper son entourage lors de ses réussites.
Le deuxième pilier précise que l’ « imposteur » attribue ses réussites à de mauvais facteurs. Des facteurs externes et temporaires comme la chance, le hasard ou une trop grande bienveillance d’autrui. C’est un peu comme s’il n’en était pas à l’origine.
Le troisième pilier met l’accent sur la peur de la personne à être démasquée et perçue justement comme un imposteur. Cette peur serait accrue par les quelques échecs vécus comme authentiques et qui confirmeraient l’illégitimité de « l’imposteur ». Ces échecs seraient, d’ailleurs, la preuve de sa faible valeur personnelle.
Pourtant, tout le monde, un jour ou l’autre, doute de ses capacités ou de sa légitimité. D’après certains travaux, 70% de la population connaitrait au moins une fois dans sa vie ce sentiment d’imposture. Pour autant, on ne peut pas dire que toutes ces personnes souffrent du syndrome de l’imposteur, ou alors de manière très transitoire. Qu’est-ce qui les différencie des autres ? Et pourquoi parler de syndrome ?
Le syndrome de l’imposteur n’est pas une maladie.
Il s’agirait plutôt d’un biais cognitif d’évaluation négative de ses compétences et d’une mauvaise perception de soi. Le syndrome deviendrait une maladie si y étaient associés des troubles graves d’anxiété, de dépression, de phobie sociale ou d’addiction.
On parlera de « syndrome » lorsque les doutes vis-à-vis de soi-même sont présents de manière stable et qu’ils empêchent de se sentir bien ou s’ils font obstacle à la réalisation de tâches. Le coût psychologique[2] est, par ailleurs, important : estime de soi fragile, anxiété, perception négative du sens de la vie.
Les stratégies qu’utilise l’imposteur pour ne pas être démasqué sont multiples.
Par exemples :
Il dévie les compliments vers une cause externe : « je n’y suis pour rien. J’ai eu de la chance de tomber sur cette question d’examen ».
Il se présente sous son meilleur jour pour être accepté, valorisé, reconnu. Mais la pression est forte. Le regard des autres prend une grande dimension.
Il travaille deux fois plus que les autres. Il est perfectionniste pour ne pas être pris en faute. Ce qui l’épuise.
Il peut aussi choisir la voie de la procrastination, ce qui le soulagera d’une certaine pression. S’il échoue, cet échec aura alors une raison d’être : « c’est normal, je n’ai pas travaillé ». S’il réussit, la cause en sera externe à ses réelles compétences : « le prof a été gentil ».
Il refusera des opportunités par peur de ne pas être à la hauteur ou d’échouer. Il se cantonnera dans des tâches en deçà de ses capacités : « je ne vais pas choisir ce job, car je n’y arriverai pas. C’est trop difficile pour moi ». Il pourrait aussi rester dans sa zone de confort, qui est rassurante mais pas toujours motivante.
Il se compare souvent aux autres. Mais il préfère s’identifier à des personnes qu’il estime moins compétentes ou intelligentes que lui plutôt qu’à des personnes qu’il juge très compétentes. En effet, il considère qu’il ne pourra jamais égaler ces dernières : « je n’arriverai jamais à être aussi bon que lui ».
Malgré ses stratégies, l’imposteur n’est pas rassuré et son sentiment d’imposture, de honte et de culpabilité sera finalement renforcé puisqu’il a dû construire de toutes pièces, ce personnage qui n’est pas lui. Le risque d’être démasqué reste présent et cela le stresse et l’angoisse d’autant plus. Mais ce qui est très étrange, et des études le démontrent, c’est que ce syndrome affecte surtout des individus qui n’ont, intellectuellement parlant, rien à envier à personne. Ce sont, généralement, des personnes très douées, voire à haut potentiel.
Alors, si tu te reconnais dans ce descriptif de l'imposteur et que tu as envie de changer la donne, c'est possible! Comme le dit Bastien Wagener[3], chercher à mieux comprendre ce syndrome, c’est déjà faire un premier pas pour tenter de le dépasser. Il existe des pistes en ce sens et des accompagnements cognitivo-comportementals qui aident à mieux vivre. Nous en parlerons dans notre prochain post.
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Daniela Abbambato
[1] Lambert P., N’est pas imposteur qui veut !, Athena, n°351, pp 35-38, mars-avril 2021. [2] Chayer M-H., Les trajectoires développementales du sentiment d’imposture, ses antécédents familiaux et ses retombées dans l’adaptation psycho-scolaire d’élèves du secondaire, Thèse de doctorat en psychologie, Université du Québec à Montréal, juin 2018. [3] Wagener B., Le syndrome de l’imposteur, blog « se-realiser.com »
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